"On est dans le doute. Soit on arrête tout parce que cela ne rime à rien. Soit on continue à essayer de faire des entraînements pour peut-être faire des matchs mais selon moi ce n’est pas viable". Ces mots sont ceux de Xavier Bossert, entraîneur de l’équipe nationale belge féminine en compagnie de Renaud Labardant.

Les deux hommes se posent en effet des questions. Aucun match ou entraînement n’a eu lieu depuis le printemps dernier. Après avoir présenté un projet (ambitieux) cet été, Xavier Bossert et Renaud Labardant ont pris comme une gifle la réponse de la Fédération belge annonçant qu’aucun budget n’était disponible pour l’équipe féminine cette saison.

On le sait, les finances de la Fédération belge sont loin d’être excellentes, obligeant celle-ci à devoir faire des choix et à privilégier ainsi les Diables Noirs et les BelSevens.

"Je sais qu’il y a des priorités, que des équipes doivent bénéficier de plus de soutien financier que d’autre. Pas de problème. Mais pas avoir zéro euro pour l’équipe belge féminine qui est tout de même l’une des vitrines du rugby belge. Il ne faut pas rémunérer les coachs, on ne le demande pas, mais il faut de l’argent pour les tapes, les stages, les matchs où on doit aller plus loin, les matchs où on accueille", ajoute le co-entraîneur des Lionnes. "Tu peux toujours t’arranger avec les clubs, mais ce n’est pas durable".

FBRB : "On va développer des opportunités"

Les résultats quelque peu décevants enregistrés la saison dernière n’ont sans doute pas non plus plaider la cause des Lionnes. "Si on avait de l’argent, l’idéal serait de faire entre 6 et 8 matchs par an, avec les Pays-Bas qui sont à quelques kilomètres de chez nous, avec l’Allemagne qui n’est pas loin non plus, avec même des clubs ou sélections françaises. Au niveau argent, cela ne demande pas grand-chose. A force de faire des entraînements et des matchs, on pourrait corriger des choses et donc être compétitif en championnat d’Europe, ce qui ne fut pas du tout le cas l’année passée", conclut Xavier Bossert.

Du côté de la Fédération, on ne dément pas, mais on nuance. "Au niveau des filles, l’accent est en effet mis sur le 7. L’année passée, on a décidé de tout de même organiser le Championnat d’Europe féminin afin d’y participer", explique Salvatore Zandona, président de la Fédération. "Après des demi-finales positives, on fut victime de la vague de froid et de la neige à l’époque. Avec du coup un manque à gagner financièrement".

"L’idée n’est pas de dire qu’on ne veut pas que cette équipe existe. On va développer des opportunités, avec les Pays-Bas par exemple. Des matchs, on va en trouver, on va en proposer aux filles. Au-delà du VI Nations, la Russie, l’Espagne et la Belgique sont les seuls pays à compter plus de 1000 joueuses. On est l’un des rares pays à avoir un championnat féminin aussi développé. Mais le manque de budget souligne la nécessité d’une augmentation structurelle, d’une augmentation de la source de revenus, notamment via la hausse de la cotisation. Sans cela, on n’arrivera pas à sortir de l’ornière", conclut Salvatore Zandona.