"Ca s’est passé à la mi-temps. Le joueur de Nivelles vient de sortir du terrain. En rentrant aux vestiaires, il passe devant un autre joueur/spectateur en lui disant qu’il a mal à la jambe. Puis, en ressortant, il tombe. C’est fou parce que s’il était tombé dans les vestiaires, on n’aurait rien remarqué et il ne serait plus des nôtres", raconte Jean Frère, joueur de Visé.
"Lorsqu’il est tombé, des gens l’ont entendu. Maurice Séba a alors crié ’un médecin, un médecin’, puis ’un infirmier’, et par désespoir ’un rugbyman’. Je ne voyais pas trop le rapprochement mais bon", explique Jean, qui ne figurait pas sur la feuille de match. "Je dépose alors ma soupe royco et cours. Je croyais qu’il faisait une crise d’épilepsie. Mais il commence alors à gasper, arrête de respirer et devient tout bleu. J’avais appris la réanimation il y a plus de 20 ans mais j’essaye de m’en rappeler. Je le bascule sur le dos. Je l’insuffle à deux reprises pendant que Jérémy (ndlr : un autre joueur de Visé) le masse. Les gestes à prodiguer sont encore tout frais dans l’esprit de Jérémy, car il vient de faire une mise à niveau. Pendant ce temps, Véro a appelé les secours. On a ensuite branché le défibrillateur (DEA) et on l’a choqué. Les secours sont alors arrivés et le médecin nous a directement rassurés. Le coeur a déjà redémarré sur place mais on se demandait si on avait bien réagi, si on n’avait pas réagi trop tard".
Non, il n’était pas trop tard. Jean, Jérémy et Véronique ont tout simplement sauvé la vie de Ludovic, papa de trois enfants et bientôt d’un quatrième. "Je suis policier, j’ai donc déjà été confronté à des situations difficiles mais ici, le dimanche au rugby, tu ne t’y attends pas".
Les héros visétois ont rendu visite à Ludovic mercredi soir à l’hôpital, où les médecins leur ont confirmé que le joueur de Nivelles ne gardera aucune séquelle. "Pour l’anecdote, Ludovic est électricien/pompier dans la vie courante. Et dans son usine, son boulot est de placer les DEA !", sourit Jean.
Le soulagement prévaut donc après un dimanche que l’on n’est pas prêt d’oublier et qui resserre les liens entre les deux clubs. "Un gars qui s’occupe des vétérans de Nivelles a déjà dit qu’ils viendraient au RugbyDay, notre événement de fin de saison. Et le match retour à Nivelles s’annonce assez festif. C’est le 12 février. Or Jérémy est né le 12 février et moi le 14".
Les faits survenus ce 6 novembre soulignent encore l’importance du DEA (Défibrillateur Entièrement Automatique). "Vraiment, j’invite tout le monde à apprendre les gestes, à savoir où se trouve le défibrillateur et à savoir l’utiliser. Même si ça coûte cher, le DEA a vraiment sauvé une vie ici. J’ai appris la réanimation il y a plus de 20 ans, ça ne m’a servi qu’une fois jusqu’ici mais cela a sauvé une vie, c’est chouette", conclut Jean.

De gauche à droite : Jean Frère, Jérémy Nulens, Véronique Ponsen et Ludovic Dumont. (Photo D.R.)