Thierry Walravens et le rugby, c’est une histoire d’amour qui dure. C’est à 17 ans que le ballon ovale a séduit notre homme. "J’ai débuté via Marc Soulet, qui nous a quittés il y a quelques semaines. C’était le patron de la maman d’un copain. On a commencé à 2 à Anderlecht", explique Thierry Walravens.


Thierry lors d’une manche du Beach Rugby Tour à Bruxelles-les-Bains en 2010. (Archive Sportkipik.be)

Après avoir pratiqué différents sports dans sa jeunesse, ’Waly’, son surnom, n’a plus lâché le rugby. D’abord en tant que joueur, avant de troquer les sacs de percussion pour le sifflet. "Serge Goffinet m’avait à l’époque déjà parlé de l’arbitrage alors que je jouais encore. Je connaissais il est vrai mieux les règles que certains arbitres. J’ai eu une grosse blessure, qui aurait pu me laisser tétraplégique, suite au mauvais geste d’un adversaire. Je me suis alors dit qu’il était grand temps de passer à l’arbitrage. Et je n’ai plus arrêté depuis, cela fait maintenant une petite vingtaine d’années".

Thierry Walravens a donc à l’époque suivi la formation dirigée par Serge Goffinet et qui se déroulait alors en quelques samedi et dimanche. Pour commencer ensuite à arbitrer les Beach Rugby organisés alors par la LBFR.

"Jouer et arbitrer, ce n’est pas le même plaisir, c’est un plaisir différent. Tu te dis que tu n’as plus envie de jouer ou plus envie de prendre le risque de graves blessures. J’ai d’ailleurs commencé dans l’arbitrage avant tout en pensant à la sécurité des joueurs", souligne Waly.

Près de vingt ans plus tard, Thierry Walravens possède aujourd’hui une belle expérience en tant qu’arbitre, mais aussi de formateur d’arbitre. Il est donc bien placé pour juger d’une dérive lente mais bien présente. "Depuis ces 5 dernières années, la situation s’est dégradée. On commence à avoir un public de footeux, comme je dis souvent. Les insultes volent, aussi de la part de coachs. Certaines personnes me disent que c’est devenu un défouloir, que c’est la pression sociale, mais je pense que c’est surtout un problème d’éducation. Cela doit commencer par les éducateurs dans les écoles de jeunes".

"A Dendermonde comme à Mons lors des Belgium Youth Festival, il n’y a pas eu de souci, tout s’est très bien passé. C’est gai de voir les petits à l’oeuvre, souriants et tout heureux. Des parents et des entraineurs sont même venus nous dire merci. Après, j’ai toujours été très didactique, surtout chez les jeunes. C’est là que tu retrouves les valeurs initiales du rugby, qui se perdent un peu en séniors".


Thierry arbitre de la finale d’IP Nexia Plate Coq Mosan-Charleroi en 2015, ici aux côtés de John Stuyck, désigné pour arbitrer la finale des play-offs de D1 ce 20 mai 2023. (Archive Sportkipik.be)

C’est donc à Dendermonde que Thierry a effectué sa dernière prestation officielle en tant qu’arbitre et coach d’arbitre. Il a en effet décidé de mettre un terme à sa carrière dans l’arbitrage. S’il a évidemment connu des aventures et mésaventures au fil des ans, Thierry a vécu au printemps un moment l’ayant profondément touché.

Co-entraîneur des U18 de Dendermonde (oui, il est aussi entraîneur), Thierry a écopé d’une suspension d’un mois après un match de championnat contre le Pajot. L’arbitre de la rencontre affirma en effet avoir été insulté par Thierry Walravens après l’avoir rappelé à l’ordre pour être sorti de sa zone technique. "Cet arbitre a sali mon nom. C’est anormal qu’un arbitre qui doit rester neutre fasse des commentaires à discrimination linguistique. Il aurait dit que c’est inadmissible qu’un francophone entraîne un club néerlandophone. Je ne peux pas accepter ce genre de choses, mais je n’ai pas pu me défendre sur le fond auprès des instances, alors que je voulais obtenir réparation de ma réputation", regrette Waly.

Cette affaire, cette "injustice" comme il insiste, l’a à ce point déçu que Thierry Walravens a donc décidé de tourner la page arbitrage, du moins en match officiel. "Je reste actif. Je reste entraîneur. Je ne vais pas abandonner une passion qui dure depuis plus de 40 ans".

Il officiera aussi lors de certains événements pour répondre à l’appel d’amis, à l’image du prochain Beach Rugby de Brigandze et le Summer Blue de l’ASUB. Car l’aspect humain demeure primordial. "Je me souviens encore d’une formation en Géorgie, en compagnie de Dirk Dietvorst, Romain Orban et Philippe Ernst. Ce fut une superbe expérience. J’ai aussi par exemple eu l’immense honneur de rencontrer Salem Attalah , responsable Afrique pour la FFR, et Bruno Gabaldon avec qui je suis encore en contact. Je garde de nombreuses amitiés, comme avec Sacha De Neyer, qui m’appelle son papa du rugby. Ou encore Nicolas Vandecauter, Kevin Sulejmani, John Stuyck, Frédéric Van Doren et bien sûr mon ami Serge Goffinet".


Les arbitres de la finale des play-offs U17 ASUB-Boitsfort en 2014. (Archive Alain Dams)