Adieu Ben

Cher Benoît, Chère Famille, Chers Ami(e)s de Toutes Ses Familles,

Ben, Benidou pour les intimes,

C’est par un vent de Force 4, comme celui sur lequel tu pestais au moment de lancer tes touches, qu’il m’a été enfin permis de coucher ces quelques lignes, ce dimanche. En deuil depuis le sms assassin, on s’attendait bien tous qu’un jour il ne tombe, tous au courant du crabe qui t’ôtait petit à petit le plaisir de nous réunir en forme.

(Photo D.R.)

Bien entendu tous les séniors actuels de La Hulpe ne te connaissent pas, mais filiation oblige, les "fils de" savaient le combat que tu menais avec nous, dans la joie et la fraternité.
Durant ces moments d’écriture, 35 années défilent. Presque 1/2 vie pour ceux qui ont plus de chance, et j’ai quasi l’impression d’écrire ma propre épitaphe, tellement nous avions des aventures en commun. Un même métier, de même passions, d’adorables enfants, une épouse qui s’éloigne, des bourdes certes différentes, un caractère parfois irritant pour certains, et même très chiant avouons le, la séniorie Edengreen, et j’ai dû vérifier mais c’est comme si je le sentais, né in extremis sous le signe du zodiaque identique, le Taureau.

C’est dès nos premiers entrainements communs que nous avons appris à nous connaître voici près de 35 ans. Depuis, des milliers de mêlées ensemble, on en a éclusé des talonneurs. En 1ere ligne tu ne savais jouer que d’un côté, je ne me souviens plus duquel à cause d’une épaule défaillante, qu’importe, la Force qui nous unissait était sincère, de puissance 3-5-7+1, à l’image de l’unité des trois lignes du pack. Tu n’étais pas forcément un fin tacticien, comme moi. Nous considérions que le chemin le plus court entre deux points était la ligne droite qui les reliait, et tu disais comme on disait à l’époque à tous qui ne connaissait pas les règles, et pourtant en short sur le terrain : c’est pas grave, tu verras, tu n’as qu’à me suivre...
D’accord, mais en séniors c’était quand même pas les cadets, les juniors, comme on les nommait en ces temps reculé. Et quand on estimait que notre ligne arrière perdait trop de ballons, faisait trop d’en avant, on décidait simplement de garder le ballon ovale pour nous, on ne le lâchait plus.

On en a fait des banquets de club ensemble, des banquets tout court d’ailleurs. Comme cette fois où bloqué à Anderlecht ne sachant pas venir te rejoindre un vendredi de décembre, je t’envoyais in extremis ta bonbonne de gaz empruntée, ceci par train du midi vers la gare de LH, en jurant mes grands dieux au Chef de gare qu’elle était vide... Comme cette fois dans un Grec de Molenbeek où tu cassais nos assiettes par terre alors qu’elle n’étaient pas en plâtre... celles là n’étant distribuées qu’en fin de repas...

Semper Fidelis, cette devise t’aillait bien. Tu l’as fièrement arborée sur ton maillot devenu entretemps collector. Tu étais oui, un exemple de fidélité, de longévité. Tu me protégeais aussi au début, tu pestais contre ces changements fréquents des règles du jeu. Je me souviendrai au delà de tout, mis à part du perroquet de Cardiff ou du plafond du club house au cpas de La Hulpe, qui se souvient aussi de toi, ces mêlées écroulées où nous nous sacrifions chacun à notre tour en tombant à quatre pattes pour que cela fasse plus de dégâts afin que tout le monde s’écroule. Même pas mal qu’on se disait ensemble du regard. Dur, vicieux, mais jamais lâche, on pouvait se regarder dans les yeux à la fin du match, si tant est qu’on le pouvait à cause de la boue de l’époque.

Ton match terrestre est ainsi terminé, contre les all blacks il n’est jamais facile de gagner. il te reste aussi une longue 33 eme mi temps la haut.

Repose en paix Ben, tout le monde qui t’aimait se souviendra longtemps de toi, ceux que tu as marqué autrement aussi d’ailleurs.
Mais qu’importe, serein tu étais, serein tu le resteras en nous.
Viva La Hulpa, Viva Benidou.

Christian Cloos et Tous tes Amis de l’Ovale