Nous sommes le 22 février 2020. La Belgique affronte ce jour-là la Géorgie, chez elle à Kutaisi. Les Lelos dominent les Diables Noirs avant une fin de match marquée par un terrible plaquage, laissant Cédric Wieme au sol. Le diagnostic est dur : l’ailier ou arrière international belge souffre d’une double fracture de la mâchoire. Avec pour conséquence une revalidation difficile, mais pas seulement.

"Après la Géorgie, j’ai eu un peu peur du rugby. L’accident m’a vraiment fait peur", reconnaît Cédric Wieme, 21 ans. "Après le visionnage des images, l’opération en Géorgie et la peur qu’a eue ma famille, je me suis dit ’est-ce que j’arriverai encore à jouer sans avoir peur ? Qu’est-ce que je fais ? Qu’est-ce que j’ai envie d’être ?’ J’ai aussi perdu 10 kilos en un mois et demi car je ne pouvais plus manger normalement ni faire de sport. Pendant le premier confinement, j’étais donc bien au fond du seau on va dire".

La période de doute passée, Cédric a refait surface. "Tous mes potes sont sportifs ou rugbymen. J’ai donc vite repris un ballon dans les mains. J’ai repris la musculation, d’abord pour reprendre du poids, pas spécialement en vue de reprendre le rugby".

Au terme du confinement en France, Cédric Wieme a dès lors achevé la saison avec les Espoirs de Grenoble, avant de rejoindre un nouveau club. "Je n’avais plus l’âge pour continuer en Espoirs et mon but était de revenir jouer dans ma région, vu que je suis originaire de Bourgogne. Je joue désormais à Nuits-Saint-Georges, où j’ai fait la préparation physique. J’y ai repris le contact petit à petit. Aujourd’hui, je rejoue normalement. J’ai même repris plus de poids, je suis plus en forme qu’avant".

"Je suis plus mature, dans la manière de voir les choses"

La blessure subie en terres géorgiennes est désormais de l’histoire ancienne. "Actuellement tout va bien. Je suis occupé avec des cours en alternance. Dans la vie tout va bien. Il n’y a que le rugby qui manque vu l’interruption du championnat", souligne Cédric qui suit un Bac+3 en Ressources Humaines. "Nuits-Saint-Georges, c’est le bon compromis entre rugby de très bon niveau, en Fédérale 1, et mes études. C’est un club très familial, où j’ai été accueilli de façon incroyable. Cela m’a encore plus motivé de continuer à jouer".

A tel point qu’il figurait dans le groupe pour la rencontre Roumanie-Belgique initialement prévue le 1er novembre dernier mais reportée. "J’ai bien sûr toujours l’équipe nationale en tête. Cela reste un objectif pour moi et un accomplissement d’années de travail. Ce sont toujours de belles aventures".

Bref, Cédric Wieme semble aujourd’hui revenu plus fort, et plus philosophe aussi. "Je suis plus mature, dans la manière de voir les choses. C’est quand même un événement ce qui s’est passé en Géorgie. J’avais déjà eu une déchirure des ligaments croisés, qui est une blessure de sportif. Mais là c’était un vrai accident, une atteinte toute de même au visage. Depuis, je me dis qu’il vaut mieux profiter sans trop se prendre la tête".