Comment s’est passé ton recrutement à Pau (Section Paloise) ?
Le responsable du centre de formation était venu voir jouer Maxime Jadot pour le match Belgique-Géorgie (ancien licencié de Frameries, aujourd’hui à Pau). J’avais réalisé un mauvais début de match puis je m’étais rattrapé. Il avait pris mes coordonnées. Ensuite, il est ensuite venu me voir jouer deux fois avec les espoirs de Lyon contre ceux de Pau pour juger mon niveau de jeu dans une autre configuration.


Essai de Thomas la saison dernière face à la Roumanie. (Photo Sportkipik.be)

Te rappelles-tu du moment où Pau t’a proposé un contrat ?
J’avais des étoiles dans les yeux.

Pourquoi Pau alors que le Lyon (LOU) est également en Pro D2 avec de grosses ambitions et un recrutement digne parfois du Top 14 quant on pense à Lionel Nallet et Sébastien Chabal ?
Le fait que le recruteur soit venu me voir jouer - et pas uniquement aperçu sur des vidéos - a été déterminant. J’ai également opté pour Pau parce qu’à titre individuel, sportivement, c’était plus intéressant pour moi. J’avoue que je n’attendais plus beaucoup du LOU depuis le début de saison précédente, vu le contrat qu’il m’avait offert.

Je ne suis pas sûr de bien te suivre ?
A l’issue de la saison 2011-12, mon objectif était de rentrer au centre de formation, mais je n’ai pas été pris. J’étais en partenariat avec le club mais sans contrat direct.

Ça change quoi ?
Financièrement, c’est mieux ! Tu reçois aussi une bonne dotation.
A mon âge, le sac et des équipements du club, ça compte. Plus largement, quand tu n’es pas au centre de formation, tu n’as pas de vrai suivi scolaire et sportif. Tu es un peu mis sur le côté. Tu t’entraînes comme les gars du centre, voire plus, mais tu as peu d’avantages.

Si on revient un peu en arrière sur ta jeune carrière et ton arrivée en France, à Lyon. Qu’est-ce-qui t’as surpris en arrivant en Crabos ?
Physiquement, c’était un peu plus haut mais au niveau des entraînements, entre Boitsfort au LOU, c’est plus ou moins les mêmes exercices.
La vraie différence en France, c’est que tu ne te bats pas chaque semaine pour être sur la feuille de match, quand, en Belgique, généralement, tu as une quinzaine en bons joueurs par équipe.


(Photo Sportkipik.be)

Quels conseils donnerais-tu à ceux qui souhaitent suivre ton exemple ?
L’expérience est énorme. Ceux qui veulent la tenter, qu’ils la tentent mais attention, le plus dur n’est pas d’arriver en France mais c’est d’y rester.

C’est difficile de faire sa place ?
Je n’ai pas peur de dire que la première fois que je me suis retrouvé seul à Lyon, j’ai fondu en larmes. J’avais 16 ans, je sortais de mes deux années cadet à Boitsfort, j’étais – c’est vrai - en internat à Mons depuis deux ans mais chaque week-end je revenais chez mes parents et je jouais avec mes potes avec lesquels je jouais en club depuis que j’avais six, sept ans. Là, soudain, j’étais seul. Je ne connaissais personne mais on s’y fais vite et au final, ces années à Lyon auront été excellentes.

Excellentes, mais sans ce fameux contrat que tu désirais tant …
Après coup, je réalise que c’était un risque. Je ne m’en rendais pas compte, lâché tout seul dans la nature alors que je pensais, en arrivant en France, recevoir une dotation type survêtement et t-shirt, accès et programme à la salle de musculation, etc… mais tout ça c’est du rêve, personne ne t’oblige...c’est un peu la face cachée.

A la base, tu as été formé en pilier. Aujourd’hui, tu ambitionnes une place de 3ème ligne centre en Pro D2. C’est peu commun ?
J’ai en effet commencé à Lyon au poste où je jouais depuis tout petit : pilier. A l’issue de la première année, je n’ai pas été pris au centre de formation mais j’ai entendu que la place était encore ouverte la saison suivante en 8 ! A l’intersaison, j’ai décidé d’appeler mon futur coach.

Que lui as-tu dit ?
J’ai cru entendre que vous aviez éventuellement parlé d’une reconversion pour moi. J’aimerais savoir ce qu’il en était pour m’entraîner en conséquence.

C’était gonflé ?
Ça a marché ! Je commençais la musculation à cette époque et j’adhérais bien. Si je voulais ce poste, il me fallait adapter ma préparation. J’ai donc fait de la vitesse, beaucoup de musculation et j’ai eu la chance au même moment de grandir, ce qui m’a affiné. En plus, je suis devenu capitaine ce qui met en confiance. J’ai même ensuite été surclassé en Reichel pour 4 matchs de saison en 3ème ligne. Mais, pénurie de pilier en phase finale, et je finis par rejouer pilier droit en ¼ de finale de championnat Reichel !

Aujourd’hui, tu joues 8 et pour l’équipe nationale. C’est comment ?
C’est trop trop bien ! Limite, t’as envie de jouer tout le temps pour la Belgique.

C’est très beau ce que tu dis !
J’ai toujours été fan de l’équipe nationale. Je ne l’ai jamais dénigrée. Mon père, mon frère, mon beau-frère (respectivement Francis De Molder, Mickael De Molder, Sébastien Guns), je les ai tous vu joués, aussi, je rêvais un jour d’y jouer.


Michael De Molder, Thomas De Molder et Sébastien Guns à l’issue de la victoire belge 28-25 face à l’Allemagne le 19 mars 2011. (Photo Sportkipik.be)

A quel poste ?
Au début je m’imaginais plus pilier droit ou talonneur, finalement la première sélection, c’était en 3ème ligne !

Raconte-nous cette première sélection ?
Je dois jouer avec mon frère mais il se blesse au genou et donc je le remplace après 5mn de jeu.

Ce n’était que partie remise ?
La première fois que nous avons joué tous ensemble (il avait déjà joué avec Sébastien Guns contre les Pays-bas et l’Allemagne), c’était à Dubaï contre le Zimbabwe. Mick était en 7, Séb en 9 et moi en 8. C’était marrant. On était motivé mais on a plus pensé au fait de jouer ensemble qu’au reste. Au final, Séb fait un bon match, je suis catastrophique, Mick aussi. Et là, tu te dis que ça a été le premier mais peut-être aussi le dernier !

Cela a été sans conséquence puisqu’on vous a vu jouer ensemble durant le Tournoi. Alors, aujourd’hui, c’est comment de jouer avec son frère ?
C’est difficile. C’est super difficile.

Pourquoi ?
Si je fais un bon match et lui un pas bon, j’ai le sentiment d’avoir fait un mauvais match ! Et je pense que c’est vice-versa.

J’imagine que vous faites chambre commune dans vos stages de préparation ?
Non il dort avec Séb. Je laisse les vieux ensembles … mais je suis souvent dans leur chambre quand même !

En quelques sélections, tu t’es fait ta place chez les Diables noirs. Après coup, vos performances de l’hiver dernier, ça t’a surpris ?
C’est certain qu’on ne nous attendait pas à ce niveau et sûrement qu’un Belge sur dix y croyait !

Est-ce-qu’il a eu un déclic ?
Tout bascule après notre premier match contre les Géorgiens. Nous faisons le constat que nous avons su contenir la Géorgie. Ensuite, c’est humain ! Nous nous sommes dit qu’il faut faire plus que s’accrocher, qu’il faut gagner des matchs. Les objectifs changent…

Les retours approchent. Comment sens-tu ces matchs ?
C’est encore loin mais on a hâte d’entrer dans la phase de préparation pour ce nouveau Tournoi et de connaître, comme nos adversaires, le calendrier des matchs amicaux de l’automne…