Depuis l’été dernier, Nicolas Meeus avait coché en rouge dans son agenda la date du derby bruxellois en D1 comme étant celle du dernier jour de sa vie de joueur de rugby. Une dernière rencontre remportée de haute lutte par le Kituro (20-16). Une dernière à laquelle Nicolas a failli ne pas participer !

Incapable de s’entraîner durant toute la semaine, celui qui a débuté le rugby à l’âge de 15 ans à Maredsous n’a su que le samedi qu’il serait en mesure de tenir sa place contre Boitsfort. "J’ai savouré chaque instant de ce dernier match, j’ai vraiment vibré du début à la fin du match, et aussi pendant la fête qui a suivi", souligne Nicolas Meeus. "J’ai ressenti beaucoup de magie. Déjà au niveau du scénario, hollywoodien, mais aussi dans la capacité de l’équipe de rester lucide jusqu’à la fin. Et cet essai de 100 m qui démarre sur une pénalité manquée de l’adversaire représente bien ce que l’on est capable de faire au Kituro quand on y met les ingrédients".

Depuis dimanche, l’effet des endorphines n’a visiblement pas encore cessé. "Je plane complètement depuis 3 jours", sourit Nicolas Meeus. "J’ai reçu énormément d’amour des joueurs avec qui j’ai joué, contre qui j’ai joué, des bénévoles actifs au club. Ce fut une distribution de câlins toute la soirée après le match. J’ai aussi reçu des messages en privé de joueurs qui m’ont énormément touché. Toutes les amitiés scellées sur le terrain et en dehors sont des acquis pour la vie. Je n’ai aucun regret, quand je vois l’amour témoigné et toutes les émotions vécues dans ce club et en équipe nationale", se réjouit un Nicolas ému

Les titres de 2009, 2011 et 2015


Nicolas Meeus lors de la finale contre Frameries en 2009 (12-11).

Au cours de ses vingt années crampons au pied, Nicolas Meeus en a vécu de grands moments. "Ceux qui m’ont le plus marqué, ce sont les titres avec le Kituro en 2009, 2011 et 2015. J’ai beaucoup de gratitude par rapport à ça. Il y a beaucoup d’excellents joueurs en Belgique qui n’ont pas eu cette chance. J’ai aussi vécu de grands moments avec l’équipe nationale, comme le match contre le Canada en 2010 qui restera à jamais gravé dans ma mémoire comme étant mon premier grand match World Rugby. Et puis il y a la première montée en VI Nations B, sous l’égide de Richard (ndlr : McClintock), lors de laquelle j’avais eu la chance de participer à tous les matchs".

Nicolas Meeus a également participé à la remontée en VI Nations B en 2016, à la faveur d’une victoire en Moldavie à l’ultime seconde (9-10). Un autre moment inoubliable lié à une petite anecdote. "Bjorn Van Zyl était monté à 5 minutes de la fin. Il était pétrifié, je l’ai senti très stressé. J’ai été le trouver et lui ai dit de faire ce qu’il aimait faire. Il a ensuite remonté le terrain sur 40 mètres et m’a trouvé à l’intérieur. Je me suis pris une cravate d’un Moldave. Sur la pénalité, on va en touche et on marque l’essai via Gillian Benoy. Je passe ensuite la transfo de la gagne, sans trop réfléchir. Ce fut un moment de transcendance collective incroyable".

Deux meneurs d’hommes l’ont marqué

Deux entraîneurs ont plus particulièrement marqué notre homme : Alain Limbos et Richard McClintock. "Alain Limbos m’a lancé à l’arrière en équipe première du Kituro. Pour l’anecdote, il ne connaissait même pas mon nom et m’appelait l’arrière. Mais il m’a donné une confiance aveugle et m’a dit ’vis ta vie’", se rappelle Nicolas. "Richard était aussi un grand coach car c’est quelqu’un qui a du flair, qui faisait confiance aux joueurs pour leur caractère et pas uniquement pour leurs qualités techniques. Il a senti que j’avais l’âme d’un guerrier. Même s’il fut parfois très exigeant, il m’a énormément appris et transmis".

"Ces deux coachs sont des meneurs d’hommes uniques. Je me rappelle encore du match contre la Géorgie en 2012. Je n’ai pas pu jouer suite à ma blessure aux ligaments croisés en fin de saison précédente. Mais j’étais présent à la remise des maillots. J’y pleuré comme un enfant ce jour-là, tellement c’était fort et tellement j’étais triste de ne pas être sur le terrain. C’est hallucinant ce que le groupe a réalisé ce jour-là".

ET MAINTENANT ?

S’il souligne que les crampons sont bel et bien raccrochés, Nicolas Meeus ne quitte pas pour autant le monde du rugby. Depuis trois ans déjà, il coache des jeunes en IPPJ en compagnie de Jimmy Mulumba, avec lequel il partage des valeurs fortes. De quoi le voir embrasser une carrière d’entraîneur ? "Le coaching à haut niveau, c’est quelque chose qui m’appelle. Mais je veux d’abord trouver mon équilibre personnel dans ma vie privée, et m’adonner à d’autres sports car je reste un sportif avant tout. Une autre énergie va émerger. Le coaching viendra en son temps, j’en ai d’ailleurs déjà fait mon métier au niveau humain".

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