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Quel sera le score de la finale de coupe ?
Soignies va gagner, sans l’ombre d’un doute.
Pourquoi autant de certitude ?
Parce que nous sommes la seule équipe en championnat régulier à avoir gagné Boitsfort et égalisé contre Boitsfort.
Comment expliques-tu les performances de Soignies face à Boitsfort ?
Le jeu de Soignies ne convient pas à Boitsfort. Soignies, dans ses gênes, a un jeu de combat, d’affrontement, de défi physique et cela ne convient pas à Boitsfort qui est plus dans un jeu de soutien, de lignes arrières et compagnie. C’est l’erreur commise par le Kituro la semaine passée.
Pour toi, le Kituro s’est trompé de stratégie ?
Kituro aurait dû jouer contre-nature pour battre Boitsfort. Pendant 20 mn, ils l’on fait puis ils sont tombés dans leur travers, jeu à la main, jeu au large et ils se sont fait contrer.
La saison 2012-13 avait été difficile pour Soignies. Comment expliquer ces progrès matérialisés par cette place en finale de coupe ?
La priorité de Soignies cette saison était de sortir un bon banc. Il n’y avait la saison passée que 15 joueurs capables de jouer en 1ère division. On commence à récolter les fruits.
Quelle méthode avez-vous employé pour y parvenir ?
Bertrand Billi et Thibaut André nous ont confiés à Boris Montoisy et moi-même le groupe techniquement moins apte pour les remettre à niveau. Il y avait donc des périodes à l’entraînement où tout le monde faisait le même exercice, dans l’échauffement puis, dans le spécifique, nous nous séparions pour faire progresser ces joueurs afin qu’ils n’y aient plus de tels écarts de niveau. Preuve en est des efforts investis, la B de Soignies fait un bon championnat et termine 4ème.
Dans combien de temps le groupe sera-t-il à maturité ?
(Il réfléchit longuement) Le gros point fort de Soignies, c’est le mental. Les gars sont capables sur plusieurs matchs de se surpasser à l’instar du parcours en coupe.
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Comment un tel mental se développe et s’entretient ?
C’est culturel. Tu compares l’entraînement au Kituro et l’entraînement à Soignies, on ne fait pas du tout la même chose.
Raconte…
Dans le pré-échauffement, par exemple, lorsque les gars arrivent sur le terrain. Au Kituro, à l’ASUB, on prend un ballon, on commence à faire du jeu à 7. A Soignies, on attend ! Je leur ai dis : « Que faites-vous, prenez un ballon, faites du jeu … ». Réponse : « Non on attend Bertrand Billi et ses petits jeux ». Ensuite, ce sont tous des exercices basés sur le combat. Très peu d’exercices basés sur le jeu large. Il n’y a rien à y faire, ce n’est pas dans leurs gènes.
Cette attitude ne risque-t-elle pas de freiner le développement d’un jeu plus ambitieux ?
Parfois j’arrive en avance et je m’interroge sur certains exercices que je vois chez des U9 ou U11 mais c’est ainsi, il faut jouer avec la culture du club. Certes, c’est vrai, on peut imaginer, espérer, un jeu de Soignies dans cinq ans. On commencerait avec les minimes, les cadets puis on mettrait cela tout doucement en place. Le problème avec cette approche, c’est dans la structure des équipes de jeunes : ce ne sont que des avants qui entraînent. Ils ne vont pas aller à l’encontre de ce qui leur fait plaisir. Mais, au final, ça marche et tout le monde est heureux, gamins, parents, entraîneurs.
Sur le site du club, il est noté dans tes responsabilités : technique individuelle et combat. Est-ce-bien le cas ?
L’idée était que je leur apporte quelques détails dans le jeu et du coaching à partir du moment où Thibaut et Bertrand étaient sur le terrain en tant que joueurs. L’année passée c’est le président du club ou sa femme qui coachait les matchs !
La Coupe de Belgique se joue donc ce week-end puis, la semaine suivante, ce sera au tour de la finale du championnat. Quel est ton pronostic ?
(Il hésite) Autant je pense que nous allons gagner contre Boitsfort, autant je pense que Boitsfort a de solides arguments contre l’ASUB, notamment en terme physique. Mais mentalement, l’ASUB sera fort. Du reste, Boitsfort actuellement est dans un creux. Je ne les ai pas trouvés transcendant lors des dernières rencontres.
Quelle équipe supporteras-tu : Boitsfort ou l’ASUB ?
J’ai ma licence à l’ASUB donc ne me demande pas de supporter Boitsfort. Je ne m’appelle pas Pierre Amilhat !
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A propos de Pierre Amilhat, te frottes-tu encore les yeux quand tu le vois sur le banc de l’ASUB ?
Non, pas du tout. C’est au même titre que je suis parti entraîner le Kituro et aujourd’hui Soignies. J’ai quitté l’ASUB pour certaines raisons personnelles et je suppose que Pierre a quitté Boitsfort pour certaines raisons personnelles.
Serais-tu prêt à revenir à l’ASUB ?
Oui, pourquoi pas.
Et Boitsfort ?
Pourquoi pas. Ce qui m’intéresse, c’est de vivre ma passion et d’avoir des gens passionnés à entraîner.
Cette passion, comment survit-elle avec autant d’intensité année après année ?
Je reviens d’une tournée où j’ai accompagné des jeunes de l’ASUB en Afrique du Sud. C’était formidable. Les jeunes, c’est là où le rugby belge peut progresser. Tout ce qui est haut niveau, cela ne sert à rien.
Formulé ainsi, tu t’inscris en désaccord avec la stratégie de la ligue et de la fédération ?
Je trouve en effet qu’on ne poursuit pas le bon but en Belgique. Je trouve que le rugby belge est performant jusqu’en U19. Là, on peut côtoyer des équipes comme la Géorgie. Au-delà, c’est fini. On devrait mettre beaucoup plus de poids dans le rugby à 7.
C’est un constat assez sévère sur le parcours des Diables noirs…
Je ne dis pas que tout ce qu’on a fait jusqu’à présent, ce n’est pas bien mais je trouve que l’on a perdu du temps et de l’argent. Je ne renie rien, peut-être que je l’aurait fait différemment mais on a couru quelque chose d’inaccessible pour finalement se retrouver au point de départ sans rien de plus alors que nos jeunes ne nous demandent qu’une seule chose : progresser.
Ne crois-tu pas que le parcours des Diables noirs ait pu avoir un impact sur les jeunes ?
Pas plus que la Coupe du Monde de rugby ou un superbe match à la télévision. Bien sûr pour la gloriole de certains joueurs, les Diables noirs c’est important mais comparons-nous aux autres : la Géorgie, par exemple, combien de joueurs jouent dans le Top 14 ou la Pro D2 ? Pour pouvoir revendiquer une place au top, il faudra qu’on ait des joueurs qui jouent comme eux, en Angleterre ou en France. On sera toujours avec l’Espagne, le Portugal, à faire l’ascenseur.
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Mais se confronter à la Géorgie est une formidable expérience pour des joueurs belges ?
Je ne dis pas qu’il ne faut pas aller jouer contre eux mais se battre pour cela, mettre du pognon : non ! On devrait développer en Belgique le 7 et bénéficier de l’expérience d’Alain Gérard, Neil Massinon, Nicolas Le Roux pour construire un championnat de rugby à 7 cadet, junior. Le rugby à 7, c’est plus accessible pour la Belgique que le rugby à 15.
Comment mettrais-tu ce projet en place ?
Nous devrions privilégier le jeu chez les jeunes. Jusqu’à 13 ans, nous sommes trop dans des caricatures de rugby à 15 : il faut faire voyager le ballon. Le travail de mêlées, de touche, ce n’est pas cela le plus important.
Tu vas faire des déçus à Soignies…
Oui, peut-être que ce n’est pas dans la mentalité du club mais des jeunes sont récemment revenus d’un stage en France, dans le Sud-Ouest, en exprimant leur joie d’avoir écarté les ballons, influencés par la culture de jeu local.
Tu sembles convaincu par cette approche …
Quand je vais voir des matchs à Liège, au Luxembourg, je constate que le niveau a bien augmenté. On voit qu’il y a vraiment un travail de fond qui a été fait et c’est là qu’il faut insister. De même au Tom Morris, il n’y a plus de petites équipes avec un gamin perdu sur le terrain, celui qu’on mettait à l’aile, avant.
Pour revenir sur les Diables noirs, devraient-il se réunir plus souvent comme beaucoup l’expriment ?
Oui car nous avons le potentiel de joueurs en Belgique. A-t-on besoin de faire venir Pierre, Paul, Jacques de France ? Je crois que nous avons les compétences, joueurs comme staff en Belgique mais c’est vrai que quand tu expliques une passe avec l’accent, cela passe mieux !
Penses-tu que la coupe d’Europe des clubs, éternellement relancée, demeure une solution pour élever le niveau des joueurs belges ?
(Grand soupir) Si on veut une structure d’équipe nationale convenable, il faut que la pyramide de la sélection soit connue de tous. Par exemple, en Hollande, pour pouvoir postuler à l’équipe nationale, tu es obligé de passer par la sélection du nord et la sélection du sud. En Belgique, on pourrait donc imaginer de mettre en place une structure stricte. Au lieu de faire des équipes de club, tu ferais des équipes de district. Par exemple, le Hainaut, Bruxelles coupée en deux … mais il faut pour cela bénéficier de moyens financiers.
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Ce n’est pas possible de contourner cet aspect ?
Je vais te donner un exemple, il y a trois ans, en Coupe d’Europe, nous avions voulu nous associer avec l’ASUB. Tout était mis en place et puis, le Kituro a dit « Nous, nous voulons jouer au Kituro par respect pour nos sponsors ». Nous avons tout stoppé. Cette année, l’ASUB est venue vers Soignies. Mais il faut une cerise au-dessus et pas seulement une entente sinon les gars vont se dire « à quoi cela sert ? »
Pourquoi ne pas mettre en commun les sponsors ?
Je vais te prendre un autre exemple, le président de Boitsfort Philippe Tollet a dit que Boitsfort c’est Boitsfort et elle a fait la Coupe d’Europe toute seule. Est-ce-que c’est logique à côté d’initiatives comme l’entente ASUB-Soignies ? Ne devrait-on pas contraindre Boitsfort ?
La fédération ou la ligue devrait-elle intervenir ?
Oui à l’instar des discussions récentes sur le fait de s’aligner sur la France et l’IRB pour les catégories jeunes. Il n’y a pas de discussions à avoir. Philippe Ernst, je l’aime bien mais je trouve qu’il n’est pas assez chef. Il devrait dire « moi, directeur technique de la Ligue francophone, en vertu de mes responsabilités, je décide. » Et s’ils ne sont pas d’accord avec lui, qu’ils prennent quelqu’un d’autre.
Les clubs ne devraient-ils pas eux-mêmes se prendre en main en se constituant en ligue comme en France ?
Effectivement, c’est une idée et cela pourrait ramener du fric, en allant voir par exemple Belgacom et en leur proposant 24 matchs. Il faudrait offrir, bien entendu, quelque chose de valable.
Sur la papier, cela ne semble pas impossible ?
Non mais le problème, c’est que nous sommes tous bénévoles. J’ai une vie professionnelle active, Pierre Amilhat aussi … On vit grâce au rugby car c’est notre passion mais on ne vit pas par le rugby.
Sens-tu actuellement les présidents de club prêts à s’investir ensemble dans un tel projet ?
(Dubitatif) Je pense que les présidents se réunissent un peu plus souvent. Il y a des rivalités sportives mais il y a des projets communs comme l’ASUB et Boitsfort chez les jeunes.