Depuis le début de la pandémie de Covid-19, les instances du rugby belge rencontrent une situation inédite, comme tout le monde, et sont confrontées à des décisions compliquées et parfois difficiles à prendre, comme l’arrêt des championnats au mois de mars ou la suspension des compétitions à la mi-octobre.

Les Commissions médicales n’ont ainsi pas chômé depuis le printemps dernier, à l’image notamment de Laurent Simar, président de la Commission médicale de la ligue francophone (comprenant également Patrick Durez, Loïc Thoreau et Jean-François Kaux), membre de la Commission médicale de Belgium Rugby (présidée par Sander Bomans) et médecin de l’équipe de Belgique à XV.

La crise sanitaire est en effet synonyme de nombreuses réunions supplémentaires. "Il y a en tout cas une réunion ’Covid’ de la fédération toute les semaines, par téléconférence", confirme Laurent Simar. "On essaye qu’il y ait toujours un membre de la Commission médicale présent. Pendant le confinement puis le début de la reprise, c’était très simple puisque tout était au ralenti. C’est plus compliqué depuis la rentrée, la reprise des consultations à 100% est encore plus compliquée depuis le rebond de l’épidémie puisque nous sommes tous très occupés. Mais nous communiquons régulièrement par mail également".

Le 13 octobre dernier, Belgium Rugby fut l’une des premières fédérations à annoncer l’arrêt de ses compétitions, alors même que la ministre des Sports de la Fédération Wallonie-Bruxelles Valérie Glatigny autorisait alors encore la pratique des sports avec contact. La Commission médicale est-elle à l’origine de cette décision ? "En fait, la décision d’interruption de la compétition n’est pas réellement une décision médicale, même si nous étions en discussion à ce propos au sein de la Commission", explique Laurent Simar. "La décision a surtout été organisationnelle. Lors du dernier week-end de championnat, plus de la moitié des matches avaient fait l’objet d’une demande de report. Il était illusoire de penser que cela allait se ralentir et le gestionnaire du championnat se trouvait déjà dans une situation extrêmement compliquée. La commission médicale n’a pas eu besoin de se prononcer pour que la fédération puisse prendre ses responsabilités et décider de la suspension. Il aurait été de toute façon très compliqué de continuer notre championnat si le reste du sport amateur interrompait les leurs (basket et foot par exemple), surtout quand on prend en compte les particularités du rugby... Et la suite de l’histoire donne raison à la fédération, on reparle pas mal de reconfinement, et sans l’espérer, je pense que si les chiffres ne s’améliorent pas, on y retourne irrémédiablement. Malheureusement".

Si le virus circule bien évidemment partout, dans tous les secteurs, existe-t-il des statistiques ou données quant à la contamination au Covid-19 lors des matchs et entraînements ? "Rien de solide", répond Laurent Simar. "C’est extrêmement difficile à mettre en évidence vu les particularités du rugby et les particularités du virus. Il y a peu de publications internationales sur le sujet, donc on doit surtout se fier au bon sens et à l’expérience des autres (autres sports, autres pays). Je pense qu’il est utile de rappeler le rôle de la Commission médicale. Notre seul objectif est la sécurité du joueur. Donc, nous émettons des recommandations de prudence, et que l’on espère de bon sens".

Avec la suspension des compétitions (et des entraînements en Wallonie et à Bruxelles), il faudra sans doute patienter encore quelques semaines avant de, peut-être, remonter sur les terrains. Mais jouera-t-on encore beaucoup cette saison ? "Je te dirai ça quand j’aurai réparé ma boule de cristal", sourit Laurent Simar. "On voit que cette épidémie est déjà par nature très très imprévisible. L’adhésion des gens aux mesures proposées est aussi imprévisible. On ne peut déjà pas faire de plan à une semaine, alors faire une prédiction sur une saison entière revient à lancer une pièce en l’air. Et vu le côté sournois de ce virus, il est fort possible qu’elle tombe sur sa tranche. Ce qui est sûr, c’est que nous voulons tous que le championnat reprenne, il faudra peut-être le jouer en plusieurs parties, ou peut-être qu’on aura une accalmie au printemps, ou pas... Personne ne le sait, il faut apprendre à gérer cette incertitude, c’est ce qui est le plus difficile".

(Interview réalisée avant les nouvelles mesures annoncées ce week-end)

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