So De Baere, John Catteau, Kevin Sulejmani, Johnny Meersman et Alan Wells. Cinq Belges ont reçu des désignations pour officier cette saison sur le circuit à 7. So De Baere, John Catteau et Kevin Sulejmani en qualité d’arbitres, Johnny Meersman de directeur de tournoi et referee manager et Alan Wells de directeur de tournoi également. Preuve de la qualité du travail fourni par nos compatriotes, Johnny Meersman et Alan Wells se sont vu décerner le 10 juillet dernier à Clermont par Rugby Europe respectivement une médaille d’argent et une médaille de bronze, en reconnaissance du travail accompli depuis plusieurs années.

Pour la deuxième saison d’affilée, Alan Wells est LE directeur de tournoi au niveau des tournois du Grand Prix Series (top 12 européen). Après les trois manches de l’an dernier, Alan s’apprête à diriger son quatrième rendez-vous de cette saison ces 15 et 16 juillet à Exeter, en Angleterre.

Joueur en équipe nationale belge à 7, dont il fut également l’entraîneur de 1996 à 2002, Alan Wells est probablement le seul en Belgique à avoir bouclé la boucle, en étant joueur à 7, entraîneur à 7, arbitre à 7 et désormais directeur de tournoi à 7.

Sportkipik.be : le rôle de directeur de tournoi peut parfois paraître obscur pour le commun des mortels. Peux-tu nous éclairer sur cette fonction ?
Alan Wells : Directeur de tournoi, à 7, c’est un peu l’équivalent de Commissaire de match international à XV. C’est un travail d’équipe avec le pays hôte qui organise, les équipes qui participent et Rugby Europe qui désigne les arbitres et le staff, le Directeur de tournoi est le responsable du tournoi ; un peu comme un chef d’orchestre . Tu as un manuel, que Rugby Europe écrit, il y a donc des règles de participation à faire respecter. Tu dois donc faire en sorte que le tournoi se passe dans les meilleures conditions. Ce qui signifie qu’il y a pas mal de boulot avant le tournoi, avec la visite du stade, les contacts, être certain que tout le monde est en place. Les équipes envoient ce que l’on appelle les « TAC », les « Team Administration Certificate », où elles écrivent les noms des joueurs, les dates de naissance, les éligibilités etc. ainsi que le staff.

Par ailleurs, le vendredi soir, il y a la réunion avec les douze managers. C’est à ce moment que les TACs originaux (signés par tous les joueurs et la Fédération) sont remis et vérifiés, que je leur parle des attentes du week-end. Comme ce week-end ce sera la dernière manche, c’est très important qu’ils sachent ce qui en résulte, surtout en cas d’égalité car cette année ils jouent pour les 2 places de qualification restantes pour la Coupe du Monde (2018 San Francisco). Lors de cette réunion, je confirme la couleur des maillots. A ce niveau, j’ai d’ailleurs mis en place un système que j’ai découvert lors du Dubaï 7’s, avec un ‘schedule’ reprenant les heures de matchs ainsi que les couleurs des maillots des équipes, ce qui évite une perte de temps pendant le manager’s meeting et c’est plus pratique pour tout le monde. J’essaye que les équipes jouent avec leur ‘home kit’ mais ce n’est pas toujours possible.


(Photo Sportkipik.be)

Après cette réunion, comme c’est là que les managers me donnent les TAC, je reconfirme bien les numéros de maillot avant d’envoyer les listes des joueurs, qui partent ensuite vers les médias, etc. Il faut préparer les 18 feuilles de match du lendemain ainsi que les feuilles de remplacement. Il y a en fait toute une partie administrative qui doit être faite avant le début du tournoi. J’ai parfois du retard et Il m’est déjà arrivé d’aller dormir à 1h du matin.

Le samedi matin le tournoi commence, je vais sur place deux heures avant le début du tournoi. Je contrôle la répartition des vestiaires. Il faut essayer d’éviter que des équipes d’une même poule se retrouve dans un même vestiaire, ce qui n’est pas toujours possible comme à Exeter par exemple, c’est un petit stade avec peu de vestiaires. Il arrive donc qu’il y ait trois équipes voire 4 équipe dans un même vestiaire. C’est une petite logistique difficile à gérer mais assez importante pour les équipes. Et c’est la même chose le dimanche, car les matchs changent et tu dois calculer la possibilité que certaines équipes se rencontrent.

Mais donc, lorsque tout se déroule bien, n’avez-vous pas moins de travail pendant le tournoi ?
Non non ! Une fois que le tournoi a commencé, tu as les médias, les photographes, tout le monde, souvent trop, présent dans la zone administrative, que tu dois gérer. Il y a l’horaire à respecter, les équipes à gérer avec leur manière de se comporter dans les zones techniques. Comme cela passe à la télé, il faut faire attention à ce point. C’est là que j’utilise ce que j’appelle la camaraderie, en étant sympa plutôt que gendarme. Généralement ils te le rendent, c’est donnant donnant . C’est comme cela que Johnny Meersman et moi faisons, ainsi que certaines autres personnes font aussi. J’ai découvert qu’en mettant des chaises dans les zones techniques, les staffs ont tendance à mieux se comporter. Avant, joueurs et coachs étaient tous debout, se retrouvaient dans le champ de vision de la télévision, de la table de marque, souvent sur le terrain et il y avait trop d’agitation.

En plus de surveiller tout cela, il faut essayer de regarder les matchs, de suivre les cartons jaunes et leurs rapports, d’éventuels citations ou autres conflits. Il y a donc beaucoup de choses à gérer en même temps, il faut être très vigilant.


(Photo Sportkipik.be)

Lorsque tu officies en qualité de directeur de tournoi, es-tu rémunéré ou le fais-tu bénévolement ?
Tu es toujours bénévole mais ton voyage et ton logement sont couverts. Personne n’a de salaire, Rugby Europe n’a d’ailleurs que quatre salariés full time. Tous ceux qui sont comme moi directeurs de tournoi ou commissaires sont des volontaires.

Et quid des arbitres ?
C’est la même chose, ils ne sont pas payés par Rugby Europe, c’est tout du volontariat sauf les arbitres pros ou sous contrats. Même chose leurs frais sont payés.

Et combien de directeurs de tournoi êtes-vous ?
Je pense que l’on est une bonne douzaine en Europe. Souvent ce sont des commissaires à XV qui deviennent directeurs de tournoi.

Et en Belgique, tu es le seul directeur de tournoi au niveau du GPS ?
Oui je suis le seul.

Et comment es-tu arrivé à obtenir ce poste ?
J’étais déjà directeur de tournoi à un niveau plus bas, j’avais déjà suivi les formations, en 2016, Michel Arpaillange qui était à World Rugby et à ce moment-là sur le retour vers Rugby Europe, m’a demandé si cela m’intéressait. J’ai fait mon premier réel circuit masculin l’année passée. Je pense que le fait d’être bilingue français-anglais a aidé ainsi que le fait d’être assez sérieux et consciencieux. J’ai bien entendu accepté, c’est le gratin du rugby à 7 en Europe, j’aurais été bête de dire non.

Mais parviens-tu à combiner cela avec ton travail ?
Oui, c’est pour cela que je fais des longues journées. (sourire) Quand je dois préparer les tournois, entre l’heure du midi, je mange en vitesse pour pouvoir consacrer du temps à faire mes mails, mes présentations, documents, etc. Et puis je reprends le boulot. Entretemps, tu as des e-mails qui arrivent et tu les vois. Tu ne sais pas ne pas les ouvrir. Si c’est urgent je réponds vite. Il faut donc gérer la vie professionnelle et le rugby en même temps.

Quelle est l’ambiance qui règne lors des manches de GPS ?
En principe déjà, si c’est possible, les gens logent dans le même hôtel. Donc tout le monde se connaît, tout le monde se côtoie, tout le monde se croise au petit-déjeuner. Il y a une camaraderie au rugby à 7, parce que tout le monde se connaît, parce que les équipes doivent se partager les vestiaires, parce qu’elles vont au même endroit pour manger. Il y a du respect aussi. Les coachs après les matchs se serrent la main, se parlent. Certains se connaissent bien.

L’enjeu sportif ne prend-il pas le pas sur cette bonne ambiance ?
C’est très rare. Je touche du bois, je n’ai pas vraiment connu d’incidents majeurs. Mais les équipes ne se laissent pas faire non plus. Tu n’as en théorie pas droit à l’erreur. Et lorsque je commets des erreurs, car cela m’est déjà arrivé, je suis le premier à dire ‘désolé ’et à m’excuser. Quand tu admets tes erreurs, aussi bien envers Rugby Europe qu’envers les managers, je crois qu’ils te respectent un peu plus.

Que faut-il faire pour devenir directeur de tournoi ?
Chaque année, Rugby Europe demande à la Fédération une liste des arbitres et des commissaires. Pour les arbitres, la Fédération demande alors à la Commission des arbitres de nommer dans l’ordre six arbitres. C’est la même chose pour les commissaires. Par contre, c’est une chose d’être sur la liste mais une autre de recevoir des désignations et de gagner la confiance de Rugby Europe. Nous avons de la chance en Belgique d’avoir des gens comme Johnny (ndlr : Meersman) qui parle en bien des gens. Johnny fait principalement un boulot de ‘referee manager’ et il fait cela très bien mais en plus il est aussi directeur de tournoi de temps en temps, il est fort apprécié au niveau de Rugby Europe et World Rugby.

Vous êtes donc importants pour le rugby belge au niveau européen…
Personnellement, je suis fier de représenter Rugby Europe, mais avant tout, fier de représenter la Belgique. Et je pense que tous les autres (arbitres et commissaires) le sont aussi. Une désignation à un Belge, c’est une reconnaissance de notre travail au niveau national. De nos formations. Johnny a reçu une médaille d’argent de Rugby Europe (il avait déjà la bronze). Il fait vraiment un super boulot.


(Photo D.R.)


Quelle est l’image de l’équipe belge en GPS ? Celle d’un petit poucet ?
Au niveau rugbystique, on a une belle image au niveau des filles et des garçons, qui avec le peu de moyen sont tout de même en GPS. Leur manière d’être est exemplaire. Pour les hommes c’est aussi parce que je fais passer le message que lorsque l’on représente son pays, on le représente du début à la fin, avant, pendant et après. Soyez toujours respectueux des valeurs du rugby, respectez le maillot, respectez le staff, les arbitres, les hôtels, etc. Sportivement, maintenant l’objectif est clair à Exeter, battre le Portugal en poule. Mais tout est possible, ils ont réalisé un bon résultat. Les Belges ont manqué d’un peu de chance à Clermont et même lors des premières manches.

Rugby Europe 7’s - Messieurs : désignations des Belges
GPS à Moscou (3-4 juin) Alan Wells (directeur de tournoi)
GPS à Lodz (10-11 juin) Alan Wells (directeur de tournoi), Kevin Sulejmani (arbitre)
GPS à Clermont (1-2 juillet) Alan Wells (directeur de tournoi), Johnny Meersman (referee manager)
GPS à Exeter (15-16 juillet) Alan Wells (directeur de tournoi)
Trophy à Prague (3-4 juin) Kevin Sulejmani (arbitre)
Conference à Bourgas (1-2 juillet) John Catteau (arbitre)
Championnat d’Europe U18 à Heidelberg (9-10 septembre) John Catteau (arbitre)
Rugby Europe 7’s - Dames : désignations des Belges
WGPS à Kazan (8-9 juillet) Kevin Sulejmani (arbitre)
Trophy à Prague (10-11 juin) John Catteau (arbitre)
Conference à Kosice (24-25 juin) Johnny Meersman (directeur de tournoi), So De Baere (arbitre)