Ce chemin, Robin Vassart l’a parcouru sur un long fleuve tranquille. Champion de Belgique Junior avec La Hulpe, il est devenu quelques années plus tard le capitaine tout aussi emblématique que charismatique de l’équipe senior la hulpoise qu’il a réussi à galvaniser pour décrocher la Coupe en 2017 et savourer en 2019 le premier titre historique de champion de Belgique Senior du RCLH.


Robin Vassart prend la pose aux côtés de son père Benoit après la cérémonie le 17 août dernier. (Photo D.R.)

En atteignant son objectif ultime manqué de très peu l’année précédente, Robin pouvait penser à quitter aussi l’équipe nationale de Sevens et à raccrocher les crampons. Le choix se dessinait. S’installer à San Diego avec son épouse californienne et, si possible, continuer à pratiquer son sport favori, comme il avait réussi à le faire quelques années plus tôt, hébergé comme « exchange student » par le coach d’un petit club local. Une aventure sportive et sentimentale qui lui avait permis de rencontrer sa future épouse.

Après avoir exercé le métier d’EMT (Emergency Medical Technician) pour l’American Medical Response, Robin a forcé le destin en présentant sa candidature au San Diego Fire Department. Au terme d’un long processus de sélection, puis de quatre mois de formation intensive, Robin vient d’être gradué de la 97th Fire Academy cet été. La cérémonie du 17 août dernier a bien sûr revêtu tout le faste dont l’Oncle Sam a le secret, surtout lorsqu’il s’agit d’offrir reconnaissance et respect aux services publics d’urgence. Une cérémonie où planait aussi le passé rugbystique de Robin.

INTERVIEW DEPUIS SAN DIEGO

Sportkipik : Après avoir mené une carrière rugbystique aussi riche en Belgique, comment vis-tu un tel déracinement ?
Robin : Ce n’est évidemment pas facile de laisser derrière moi toute ma famille, mes amis, mon club et le pays dans lequel j’ai grandi. Si j’avais pu emmener la Belgique avec moi je l’aurais fait mais il faut parfois faire des concessions dans la vie.

Sportkipik : Quelle est la place actuelle du rugby en Californie ?
Robin : Le rugby est un sport de seconde classe aux États-Unis mais il reste en constante évolution. La Californie a toujours été l’un des états avec le plus de clubs et de joueurs(euses) affiliés.
Avec la création des ligues professionnelles (Major League Rugby à XV et Premier Rugby Sevens à 7), la Californie est maintenant représentée par les San Diego Legions en MLR et par les Golden State Retrievers et les Rhinos x Loggerheads à 7.
Beaucoup de “stars” du rugby jouent et coachent dans ces compétitions ce qui apporte de la publicité essentielle pour notre sport.
Chaque année, l’étape du Sevens World Series attire du monde à Los Angeles qui accueillera la Coupe du Monde 2031 et 2033.

Sportkipik : On t’a quand même revu occasionnellement sur les terrains belges…
Robin : Le rugby me manque énormément évidemment. J’apporte à l’occasion mon ballon de rugby à la plage juste pour retrouver quelques sensations. Dès que l’occasion se présente, je n’hésite pas longtemps avant d’enfiler mes crampons, surtout pour rejouer avec mon équipe. Je ne prends aucune opportunité comme acquise car je sais qu’on a tous un temps limité pour pratiquer ce sport donc j’essaie toujours de saisir la moindre occasion de monter sur un terrain.


Robin Vassart et Captain Kia Afsahi lors de la remise du livre ’Legacy’. (Photo D.R.)

Sportkipik : Ton expérience rugbystique t’a-t-elle servie dans ta carrière professionnelle américaine ?
Robin : On entend souvent que le rugby est “l’école de la vie” et je dois dire que ce sport m’a fait grandir à tout point de vue. Il m’a permis de me développer physiquement bien sûr, grâce aussi au sevens, mais surtout de gagner en maturité moralement. Les valeurs que le rugby inculque à ses joueurs sont aussi importantes sur le terrain qu’en dehors. Je suis donc extrêmement reconnaissant vis-à-vis de tous ceux et celles qui m’ont aidé à grandir à travers ce sport, avec une pensée particulière pour Christopher Trapman qui vient de nous quitter et qui a donné tant de sa personne pour le développement du sevens en Belgique.

Sportkipik : Quel est le livre que tu as remis lors de ta graduation à l’un des officiers et avec quelle intention ?
Robin : J’ai remis une copie du livre “Legacy” par James Kerr à Captain Kia Afsahi, Academy Coordinator, en réponse à “The Hero Code” par l’Admiral William H. McRaven qu’il nous a fait lire.
C’est un livre qu’Emiel Vermote avait partagé avec moi lorsqu’on coachait ensemble l’équipe nationale féminine. Il est rempli d’exemples de valeurs et d’une culture de “leading by exemple” qui font des All Blacks une équipe aussi dominante qu’exemplaire. Ça me tenait donc à cœur de transmettre cet ouvrage qui met en avant le leadership qui est aussi essentiel aux rugbymen(women) qu’aux pompiers(ières).

Sportkipik : Quel regard portes-tu aujourd’hui sur le championnat belge ? As-tu l’occasion de le suivre ?
Robin : J’essaie de suivre comme je peux mais malheureusement avec l’important décalage horaire, les matchs sont terminés au moment du réveil et je dois me contenter des scores. A l’occasion j’essaie de regarder certaines vidéos de match mais rien n’est comparable à une présence sur ou au bord du terrain. Je dois avouer que j’essaie toujours de suivre les matchs qui sont proposés en live stream parce que le direct me donne un sentiment de proximité avec toutes ceux et celles qui me manquent et que je peux voir à l’écran, comme si j’étais présent avec eux.