Mathieu avec les Diables face à la Croatie au Petit Heysel le 29 octobre 2005. (Archive Sportkipik.be)

Avec près de 70 sélections au compteur, Mathieu Verschelden est tout simplement l’un des joueurs les plus capés de l’histoire (récente) du rugby belge. Un long et beau chapitre en équipe nationale belge que notre homme a refermé l’an dernier lors de la rencontre face à la Pologne.

Des souvenirs en Diables Noirs, Mathieu Verschelden en a forcément beaucoup. "J’ai des milliers d’anecdotes qui me viennent à l’esprit, pas toutes racontables. Mais ce que je retiens, c’est l’esprit de famille qui régnait dans le groupe. On était loin de notre propre famille, du cercle privée. On a dû faire des concessions, mais on retrouvait une autre famille. C’était un peu comme accepter une double vie".

A 37 ans et fort de son expérience, Mathieu Verschelden est bien placé pour analyser les performances actuelles des Diables Noirs en Rugby Europe Championship, lui qui a récemment eu l’honneur avec son compère en club et en équipe nationale Julien Massimi de remettre les maillots aux joueurs avant le match Belgique-Roumanie. "Les résultats ne sont pas incroyables pour le moment mais il faut recontextualiser le tout. Le staff est arrivé tard et l’équipe est en reconstruction. Ce ne sont pas les mêmes résultats qu’il y a 10 ans lorsque tout le monde qui jouait à un bon niveau en France venait en équipe nationale", regrette Mathieu. "C’est clair que c’est un peu frustrant. Ce qui m’énerve, c’est le manque d’envie. Alors oui on a toujours un sursaut d’orgueil, mais au Portugal il est arrivé trop tard. J’ai tout de même l’impression que le niveau a dans l’ensemble baissé".

Les résultats actuels ne lui font-ils pas regretter sa décision d’arrêter en équipe nationale ? "Non car je suis droit dans mes baskets. C’est plus facile de choisir sa fin de carrière que de devoir arrêter sur une blessure ou une non-sélection. Mais c’est sûr que j’aurais peut-être pu un peu aider encore, en toute modestie. Ceci dit, je ne peux pas être la solution à 37 ans. Il faut que des gens plus jeunes que moi aient plus envie que moi. Ce n’est pas normal que moi, à 37 ans, ait parfois plus envie que certains jeunes".


Lors de l’historique test-match contre l’Argentine au Stade Roi Baudouin le 25 août 2007. (Archive Sportkipik.be)

Des moments difficiles, Mathieu Verschelden en a aussi connu avec la Belgique. "La recette pour en sortir est simple mais compliquée : se recentrer sur soi pour progresser collectivement et arrêter de se chercher des excuses. Être un peu plus besogneux et recréer cet esprit d’équipe qui a fait de nous une bonne équipe. Ce qui s’est peut-être un peu perdu. On doit se battre les uns pour les autres. On arrivait à déplacer des montagnes sans être les meilleurs joueurs, mais avec l’état d’esprit. Il faut avoir envie de passer du temps ensemble. Il faut peut-être plus de cohésion. A l’époque, ça redonnait parfois une bouffée d’oxygène de revenir en équipe nationale lorsqu’un joueur était un peu moins bien en club".

Ce qui est sûr, c’est que Mathieu Verschelden a encore le feu sacré, au point d’envisager sérieusement une carrière d’entraîneur. "J’ai envie de partager mon savoir, si j’ai du savoir. J’ai envie de transmettre un peu mon expérience. Mais je pense que c’est encore un petit peu tôt. J’ai envie de profiter de ma vie de famille. Mais c’est quelque chose qui me trotte dans la tête. Ma carrière de joueur va tout doucement s’arrêter et j’ai envie de poursuivre en tant qu’entraîneur. Mais si je m’engage, je veux le faire à 100%". Comme il l’a toujours fait sur le terrain.


Mathieu Verschelden le 19 mars 2022, jour de son dernier match en Diable Noir face à la Pologne. (Photo Sportkipik.be)